Criteo accusé de fraude publicitaire par un groupe activiste
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Alors que le cours en Bourse de Criteo avait légèrement chuté suite à l’annonce de l’impact de l’Intelligent Tracking Prevention, un groupe activiste du nom de Gotham City Research LLC a publié la semaine dernière un rapport bien sombre sur les méthodes de Criteo. C’est un nouveau cours dur pour le géant Français qui a une nouvelle fois fait plonger son action alors que celui-ci est actuellement côté à 2,6 milliards de dollars au Nasdaq.
Le « Criteo Report » comme il est appelé, dénonce des pratiques douteuses de la part du retargeteur Français, qui si elles sont avérées, devraient avoir un impact économique bien plus fort que celui de l’Intelligent Tracking Prevention.
Intelligent Tracking Prevention
J’en ai déjà parlé dans un article précédent, l’Intelligent Tracking Prevention est une nouvelle mesure adoptée par Apple afin de bloquer les cookies tiers sur son navigateur Safari. Cette mesure a de gros impacts sur le marché de la publicité en ligne car des pans entiers du ciblage publicitaire se basent sur les cookies. On voit souvent des articles sur « la mort du cookie », mais aujourd’hui, ce bon vieux cookie est bien vivant ! Une telle mesure de la part d’Apple, qui représente 50% de la part du trafic mobile aux USA, n’est donc pas sans conséquence…
Pour preuve, même un géant tel que Google a dû réagir à cette nouvelle norme technique imposée par Apple afin de pouvoir continuer à suivre les conversions issues de ses campagnes publicitaires. La parade ? Déposez des cookies first-party sur les sites de ses clients.
Problème, afin de recibler des utilisateurs sur l’intégralité du web, Criteo a besoin d’utiliser des cookies third-party. Impossible de faire autrement. Du coup, l’Intelligent Tracking Prevention est un frein technique au retargeting de Criteo qui verra ses capacités de reciblage fortement limitées sur Safari. Criteo a d’ailleurs annoncé publiquement que cela devrait impacter environ 20% de ses revenus.
Mais la nouvelle norme d’Apple permettant d’utiliser les cookies tiers uniquement durant les 24h suivant leur création, cela permettra tout de même à Criteo d’utiliser son principal potentiel, les prospects chauds (voire en train de naviguer sur votre site).
Fraude publicitaire
Si l’Intelligent Tracking Prevention a eu un impact sur le cours boursier de Criteo, Gotham City Research LLC explique que ce n’est pas le principal problème du Frenchie. En effet, le groupe estime que 50% des revenus de Criteo seraient issus de sources suspectes (clics générés par des robots, faux sites, …). De plus, Criteo gonflerait son attribution en prenant en compte des ventes pour lesquelles il n’est pas intervenu, ce qui améliorerait virtuellement ses performances. J’ai personnellement déjà constaté ce point sur quelques cas, mais les écarts de tracking sont monnaie courante dans le Digital, ce n’est donc pas une preuve en soit.
Toujours selon Gotham City Research, ces informations devraient générer des demandes de remboursements en ce qui concerne la Brand Safety et la mauvaise attribution de la part des clients de Criteo. De plus, le manque de confiance des clients envers le retargeteur devrait entraîner la chute de ses profits et mener à une baisse de 67 à 77% de sa cotation au Nasdaq.
En outre, les principaux points du rapport sont :
- Criteo ne fournit aucune transparence dans ses méthodes.
- Le prix au clic réel serait en réalité 61% supérieur à ce qui est affiché.
- Les rapports de clics de Criteo fourniraient des volumes gonflés de 42% VS le tracking propriétaire.
- Criteo s’attribuerait des ventes dans lesquelles des robots sont intervenus.
- Criteo afficherait des publicités sur des sites qui ne correspondent pas aux normes classiques de Brand Safety, telles que PG13.
- Criteo modifierait la date de transaction afin d’attribuer la transaction à des clics ultérieurs.
- Les annonceurs devraient engager des processus d’audits de toutes leurs campagnes au CPC.
Pour consulter le détail du rapport, en Anglais biensûr, rendez-vous ici : https://gothamcityresearch.com/2017/09/15/criteo-sa-nasdaq-crto-is-criteo-malware-and-why-does-criteo-refuse-to-reveal-to-its-clients-where-their-ads-are-placed-part-i/
Criteo en danger ?
Ceci n’est que la première partie du Criteo Report, dont la seconde moitié devrait être dévoilée la semaine prochaine. Ce n’est pas la première fois que Criteo est accusé de telles pratiques. Criteo a par exemple été poursuivi par SteelHouse pour génération de faux clics et tromperie envers ses clients. Jusqu’ici, l’entreprise a su garder les reins solides, mais cela va-t-il continuer ?
Affaire à suivre…
A propos de Gotham City Research LLC
Pas inconnu de ceux qui s’intéressent aux marchés financiers, ce Batman de la Finance n’en est pas à son premier coup d’éclat. Entre autres, le groupe a dévoilé en 2014 un rapport assassin concernant les pratiques de Gowex, fournisseur espagnol de services Hi-Tech. Suite à cette publication, la société a été menée à la faillite en quelques jours alors que l’entreprise était cotée 1,4 milliards d’euros en Bourse.
Le mode opératoire est toujours similaire. Cela démarre par la publication d’un rapport très précis et surtout très négatif concernant la société visée. Ce rapport est ensuite partagé sur les réseaux sociaux, cette viralité créant un effet buzz suivi du plongeon en Bourse de l’entreprise en question. Suite à cela, soit l’entreprise est capable de prouver la véracité de ses comptes et la conformité de ses méthodes, soit c’est la descente aux enfers.